ENTPE… Quel avenir ?

L’ENTPE forme depuis de nombreuses années des ingénieurs pour l’Etat (fonctionnaires) et pour les autres secteurs privés et publics (dits « _civils_ »). La qualité des ingénieurs TPE est largement reconnue. L’école s’est largement ouverte sur les universités et autres grandes écoles du pôle lyonnais et stéphanois, en particulier dans le PRES (pole recherche enseignement supérieur).

Aujourd’hui, elle est un peu à la croisée des chemins. Le contrat d’objectifs vise en effet à rééquilibrer fonctionnaires et civils au profit des derniers.

Pour la 1ère fois, l’école n’a pas fait le plein au niveau du recrutement 2012. Pour les fonctionnaires, le recrutement est de 83 pour 100 postes ouverts et de 48 pour 70 postes ouverts pour les civils. Cela nous interroge beaucoup quant à l’avenir de l’école. Pourquoi n’attire-t-elle plus les étudiants_ ? Il y a sans doute des explications conjoncturelles.

Mais plus fondamentalement, pour les fonctionnaires, les débouchés ouverts dans les services de nos deux ministères se réduisent à la fois en nombre et au niveau des missions techniques. Les salaires demeurent bas et les perspectives de carrière sont très incertaines. Une réflexion sur ce qu’est un ingénieur dans un service public de l’Etat est absolument nécessaire, en fonction notamment de missions de service public.

Pour les civils, l’explication n’est pas plus aisée. Nous pouvons évoquer l’image peut être négative d’une école de fonctionnaires, mais cela ne suffit pas. Il est aussi vrai que la situation dans le BTP ou la FPT par exemple n’est pas très brillante.

L’explication n’est pas évidente et l’ENTPE a mis en place un groupe de travail pour essayer de comprendre ce phénomène et bien sûr de proposer des solutions. Nous pouvons noter que les écoles équivalentes du MAAF (agriculture) ne recrutent quasi plus de fonctionnaires.

Pour la 1ère fois, l’ENTPE (comme d’autres établissements du ministère) se voit appliquer la règle commune des réductions d’effectifs et de crédits (effectifs – 2,5 % /an sur 3 ans et crédits – 7 % en 2013 et – 4 % en 2014 et 2015). Sur cette base l’ENTPE établit donc ses priorités.

Pour l’école c’est – 13 ETP sur 3 ans et le besoin de réduire des dépenses (notamment de fonctionnement) et de rechercher à augmenter ses ressources propres. Cela peut avoir des conséquences non négligeables sur l’orientation de l’école, que nous devons bien analyser.

Il est clair aussi que dans la situation décrite précédemment, cela n’est sans doute pas un bon signal envoyé à l’ENTPE et aux étudiants.

D’autres éléments devraient impacter l’avenir de l’école. Il y a bien sûr en premier lieu l’avenir même du MEDDE et du METL, avec des conséquences directes sur le nombre et le type de cadres techniques nécessaires. La réforme – fusion des corps d’ingénieurs en chantier depuis de nombreux mois, avec les Assises de l’ingénieur dans le 1er semestre 2013 conduira aussi à des évolutions de l’ENTPE (ex. : recrutement – formation).

L’ENTPE est aussi engagée dans un réseau d’alliance entre cinq écoles : Agro Sup Dijon, École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg (ENGEES), École nationale météo (ENM), École nationale des sciences géographiques (ENSG), ENTPE. Cela mérite aussi réflexion et propositions de notre part. La recherche est pour l’ENTPE un enjeu essentiel, en cohérence avec l’enseignement. Les collaborations avec d’autres centres de recherches sur le lyonnais, l’engagement dans les projets issus du grand emprunt constituent des atouts importants, pour l’école mais plus globalement pour l’ensemble des deux ministères. Cela, peut être en lien également avec le futur CEREMA, doit être préservé et développé dans une vraie stratégie de recherche. Il en est de même au niveau des doubles cursus, par exemple avec l’école d’architecture située sur le même site, au niveau de l’accueil des étudiants étrangers et des collaborations engagées avec d’autres pays.

Pour toutes ces raisons, la CGT estime que l’ENTPE est indispensable dans le paysage recherche – enseignement supérieur français. Nous ne négligeons pas le fait qu’elle se situe dans un marché concurrentiel et donc que l’Etat doit lui donner tous les moyens et atouts nécessaires pour sa pérennité et son développement.

Enfin, dans le contexte de crise sociale actuelle, nous ne pouvons pas oublier le rôle social que peut jouer l’ENTPE en permettant à des étudiants en difficultés financières de pouvoir poursuivre des études supérieures.

Nous voyons bien que l’avenir de l’ENTPE n’est pas tout tracé et nous demande réflexion et propositions, moyens et volontarisme.

Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *